Qui de mieux qu’un éleveur de brebis manech à tête noire pour nous parler du merveilleux métier d’éleveur ? Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’accueillir un passionné qui élève ses brebis et ses porcs dans un environnement naturel verdoyant.
HIVER, mise bas (ou naissance des agneaux), traite des brebis et fabrication du fromage
« C’est l’agnelage : la naissance des agneaux. Et c’est là que je stresse le plus. Il faut être très attentive à chaque mise bas : quand les agneaux naissent, il faut bien vérifier que le petit ait bu le lait de sa mère, et il faut être très vigilant les premiers jours. Toute l’année se joue pendant cette période. Il faut bien préparer les brebis, les nourrir, les soigner. Normalement, la saison laitière sera bonne si tout se passe bien pendant l’agnelage ».
Mon carnet d’éleveur bovin
- Voilà un beau carnet utile et pratique à l’usage des éleveurs bovins qu’ils soient spécialisés dans l’élevage laitier ou dans les vaches à viande.
- Au fil des pages vous pourrez noter les vélages, les ventes, les foins, les aléas météo pour garder une précieuse trace de tous ces évènements qui font la vie d’une exploitation.
- Avec sa belle couverture soignée, son format pratique, ses 100 pages à remplir au fil des jours et son petit prix: ce carnet va vite vous devenir indispensable.
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L’agneau sera vendu à deux ou trois semaines d’âge, et la brebis sera dès lors traite pendant plus de 5 mois. On trait les brebis à la main tous les jours, matin et soir. C’est avec ce lait qu’on fabrique ces fromages. Au Pays-Basque, le fromage de brebis traditionnel est la tomme qui détient d’ailleurs l’AOC Ossau-Iraty, mais on confectionne également des petits fromages à pâte molle dits « fromages lactiques ».
Ces brebis sont nourries de foin et de regain récolté à la ferme, et les céréales directement achetées à des producteurs de céréales bio vont venir compléter l’alimentation : maïs, orge, pois, triticale et féverole. Les brebis sortent au pâturage tous les jours, sauf par temps de neige.
Les soins médicaux apportés aux animaux sont exclusivement à base de plantes et d’huile essentielles.
PRINTEMPS, on pense déjà à la transhumance
« Les journées s’allongent, la douceur revient, et on repense déjà à remonter en estive. Je suis content que la saison se termine. Je suis fatigué mais content. Je reprends les marchés, je vois plus de monde, et je peux prendre du temps pour moi, ma famille, mes amis. Les brebis aussi sentent la fin de la saison difficile. Et je sais qu’elles sont prêtes à remonter à Ahadi ».
Après avoir donné du lait tous les jours, pendant 5 à 6 mois, les brebis pourront se reposer et profiter des bienfaits de la montagne, des herbes et fleurs sauvages, de l’eau des sources qu’elles iront chercher dans les forêts. C’est à Ahadi (1458 mètres d’altitude) que le troupeau va passer l’été, de début juin à fin octobre. Le nom « ahadi » en basque veut dire myrtille, et ce n’est pas pour rien que cette montagne s’appelle ainsi : en effet, les brebis pourront s’en rassasier à partir du mois d’août, dans les immenses forêts de hêtres de Ahadi.
Mais avant de monter, toutes les brebis vont être tondues, et les plus belle auront le privilège de porter la cloche au cou. C’est d’ailleurs le son des cloches qui nous aide à retrouver les brebis à la montagne par temps de brouillard par exemple. En montagne aussi, il va falloir veiller au troupeau : soigner les boiteries, s’assurer qu’il ne manque pas de bêtes, diriger les brebis vers les endroits où le pâturage serait meilleur, vers les points d’eau, vérifier que les béliers sont présents et en bonne santé. Car l’été, c’est aussi la période des saillies appelée aussi « lutte ». C’est là que l’on peut observer le mouvement des brebis en chaleur, et repérer ainsi lesquelles mettront bas en premier, ou bien plus tard, sachant que la période de gestation d’une brebis est de 5 mois.
ETE, les fourrages
« C’est la montagne. J’apprécie de monter à Ahadi pour voir le troupeau, au lever du jour. A vrai dire, j’arrive difficilement à gérer en même temps le travail de la montagne, de la ferme, de la maison, de mes enfants, les marchés… Alors je me fais aider. Depuis que mes filles sont nées, je ne fais plus le fromage en estive. Mais je n’ai pas encore complètement renoncé à l’idée. Peut-être quand elles seront grandes, peut-être même avant. Faire le fromage à la montagne… si ça ne devait rester qu’un souvenir, alors ce serait le plus beau de mon métier de berger. »
Comme pour la plupart des paysans, l’une des plus grandes préoccupations en été, c’est la météo. Dès que l’on nous annonce 3 ou 4 jours de soleil, on prépare les machines pour faucher, pirouetter, endainer, et enfin roundballer.
Pour parler plus simple, ce sont les 4 étapes en tracteur pour couper l’herbe dans les prairies, faire sécher et finir par en faire des ballots de foin et de regain. Il faut compter en moyenne trois jours du début à la fin. A la ferme, il y a 4 prairies dans lesquelles on fera du foin au mois juillet, et du regain (deuxième coupe) au mois d’août. On y consacre donc une douzaine de jours, d’abord pour les foins et ensuite tout autant pour les regains. Les conditions climatiques obligatoires pour réussir de bons fourrages sont soleil et chaleur, et absence de pluie, bien sûr.
Le bien-être des brebis, la qualité du lait, et le goût du fromage dépendra en partie de la réussite des fourrages.
AUTOMNE, le retour des brebis à la ferme
« Pour moi, l’automne est certainement la saison la plus agréable, autant pour les animaux que pour le berger. Même si le pacage se fait moindre à la montagne, les brebis se régalent dans les forêts, en mangeant notamment du frêne sous les hêtres. Les temps de canicule laissent la place à une douceur plus supportable, les nouvelles couleurs que nous offrent la nature nous font encore plus apprécier notre métier, et en plus, on est tous en quelque sorte au repos. C’est à ce moment-là que je me dis que j’ai bien fait de devenir berger »
Les brebis les plus jeunes (les agnelles) seront ramenées à la ferme, ainsi que quelques brebis, vielles ou affaiblies. Celles-là profiteront d’un pâturage plus dense, mais aussi d’une multitude de glands et de châtaignes dans les forêts en altitude plus basse. C’est là aussi qu’on entretien nos fougeraies : on fauche la fougère et on la met en ballot. L’hiver on s’en servira pour la litière dans la bergerie. Elle ne suffira pas pour autant à passer la saison, alors on achète aussi de la paille.
On pense aussi de plus en plus à la saison d’hiver qui approche, et on s’y prépare tout doucement.
Touche à tout, j’ai exercé de nombreux métiers dans ma carrière. Depuis peu, je suis membre actif de plusieurs associations et je m’exerce à l’écriture via ce site et un journal local dans ma région.