La nouvelle entourloupe néo-libérale du jour proposée par la puissante mais non moins illégitime Commission Européenne concerne le transport ferroviaire. Bruxelles veut ouvrir à la concurrence le TGV en 2019, mais pas seulement puisque que le TER est aussi dans le viseur.
A première vue, ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, imagineront les grands avantages d’une pareille réforme car les idées reçues ont la peau dure. « Fini le monopole de la SNCF et la pression qu’exercent sans cesse ses feignasses d’employés par leurs grèves à répétition pour avoir toujours plus d’avantages sociaux », diront-ils ! « La libre concurrence va faire baisser les prix » !
Que nenni leur dis-je ! Faut-il regarder dans le passé pour comprendre la dynamique amorcée sur le long terme.
Jetons un œil à la libéralisation du système ferroviaire en Belgique. Les études ont montré que se déplacer en train devînt plus cher, moins sûr et moins ponctuel. Bien avant encore, les mêmes causes avaient entrainé les mêmes effets au Royaume Uni (Tatcher l’a regretté) ainsi qu’en Grèce !
Parce que le passé est important, il faut aussi se remémorer l’histoire des compagnies ferroviaires, chose que ces incapables mais néanmoins dogmatiques (et donc obtus) technocrates de la Commission n’ont pas fait.
A l’origine, les chemins de fer en Europe étaient des compagnies privées. En France, la SNCF a été crée en 1936 non pas par idéologie mais parce que les compagnie ferroviaires privées de l’époque étaient en faillite. Elles furent pourtant déjà renflouées par l’état après la première Guerre Mondiale (ça ne vous rappelle pas les banques des années 2000 ?). Bref, suite à cette seconde faillite, les compagnies avaient donc demandé à l’état leur nationalisation.
En 2013 (ou 2019), ouvrir les lignes TGV à la concurrence est un non sens. C’est même l’amorce d’un processus destructeur pour le service ferroviaire ! Les nouveaux entrants sur le réseau ne créeront pas des lignes pour assurer une mission d’utilité publique mais pour se faire un maximum d’argent. Dès lors, les compagnies privées s’attaqueront aux lignes les plus rentables afin de prendre des parts de marché à la SNCF. Seulement voilà, c’est ces lignes rentables qui financent les moins rentables : c’est la vocation du service public !
Les conséquences de cette privatisation sont facilement prévisibles et peuvent passer par deux chemins.
La première hypothèse, est que suite à la diminution de ses recettes, la SNCF diminue son service sur les lignes les moins rentables augmentant encore un peu plus l’enclavement des zones rurales et périurbaines.
La seconde hypothèse est que pour maintenir son service, la SNCF demande encore plus d’aides aux régions (donc aux contribuables). Suite à ça, une fois de plus les néo-libéraux nous diront que « la dépense publique en France est trop élevée ».
Cette privatisation/libéralisation (partielle ou totale) du système ferroviaire français est une ineptie. Encore une fois, pour que les sociétés privées gagnent de l’argent, ça sera le contribuable qui sera mis à contribution pour un service rendu de moins bonne qualité. Une fois encore, les bénéfices iront au privé et les pertes au public.
Au surplus voilà qui ne va pas encourager les citoyens à utiliser les trains. Quel en sera le coût écologique ?
Quelle est la prochaine étape ? La privatisation des routes ?
Que pense Arnaud Montebourg de cette idée contraire au redressement productif qui ne peut se passer d’un service ferroviaire de qualité ?
N’y a-t-il pas là un vrai motif de manifestation réunissant tous les français ?
Touche à tout, j’ai exercé de nombreux métiers dans ma carrière. Depuis peu, je suis membre actif de plusieurs associations et je m’exerce à l’écriture via ce site et un journal local dans ma région.