Deux graves crises viennent de secouer le monde : l’une militaire, liée au conflit entre la Russie et la Géorgie, l’autre financière.
L’une et l’autre ont dévoilé la fin de l’unipolarisme américain. La stratégie poursuivie par les Etats-Unis depuis l’effondrement de l’Union soviétique a échoué.
Sur le plan économique, d’autres puissances émergentes se sont imposées. Quant au modèle américain, il recueille de moins en moins de consensus.
Sur le plan stratégico-militaire, la politique de réarmement pour la différencier du reste du monde et pour contrôler le Moyen-Orient a été un échec.
Par contre, la Russie avec son intervention en Géorgie a bien montré qu’elle n’entendait pas rester dans une position subordonnée et l’Amérique qu’elle ne pouvait pas venir en aide à ses propres alliés de l’Est étant déjà fortement engagée sur d’autres fronts.
Tout cela n’est pas un retour à la Guerre froide, car il n’y a plus un affrontement idéologique bipolaire. La pluralité de grands Etats émergents nous mène vers un multi-polarisme aux contours indéfinis.
Les Etats-Unis restent supérieurs sur le plan économique, technologique et militaire aux autres pays.
La Russie ne va pas les défier, mais elle constitue un grand fournisseur de matières premières et la deuxième puissance nucléaire.
L’Europe est le lieu où la tension peut se concentrer pour des raisons géostratégiques et à cause de sa dépendance au gaz russe.
L’opposition entre USA et Russie représente un grand danger pour l’Europe. Et cette dernière doit redéfinir ses relations avec les deux puissances nucléaires.
Pour ce qui concerne les Etats-Unis, il s’agit de réinventer un nouveau partnership. C’est l’Amérique qui, la première, doit repenser ses rapports avec l’Europe. Mais, ces rapports dépendront de la capacité des Européens à construire un pôle politique responsable. Tant qu’elle n’aura pas une politique extérieure et de défense vraiment unitaire, l’Europe constituera un problème pour le monde en contraignant les USA à faire dépendre leur politique internationale de la nécessité de prendre en charge la sécurité européenne.
Des risques énormes découlent du fait que les Européens ne s’en rendent pas compte. Le seul remède serait de créer un Etat fédéral.
Même la Russie tirerait d’énormes avantages à avoir une Europe forte à ses frontières : le vide de pouvoir européen alimente les tendances les plus agressives traditionnellement présentes dans l’histoire politique russe. La situation actuelle affaiblit les chances d’une évolution dans un sens démocratique des institutions et de la société de ce grand pays euro-asiatique. En outre, le statu quo renforce sa ligne de gouvernement autocratique. C’est dans l’intérêt de la Russie de s’intégrer pleinement dans l’Occident. Or, l’Europe représente le seul intermédiaire possible à cette intégration.
Pour jouer ce rôle crucial, les Européens devraient poursuivre une politique continentale cohérente. Dans une Union à vingt-sept, cela s’avère néanmoins difficile.
La faiblesse américaine ne va pas rendre l’Union européenne plus puissante. Au contraire, c’est l’Occident tout entière qui perd par rapport au reste du monde.
Le rôle futur de l’Amérique et les perspectives d’intégration de la Russie à l’Occident dépendent de la capacité de l’Europe à donner naissance à un véritable Etat fédéral à partir d’un premier noyau de pays disposés à le faire.
Touche à tout, j’ai exercé de nombreux métiers dans ma carrière. Depuis peu, je suis membre actif de plusieurs associations et je m’exerce à l’écriture via ce site et un journal local dans ma région.