Les 150 tracteurs, moissonneuses-batteuses et machines agricoles anciennes en état de fonctionner donnent au Nouveau Musée de la machine agricole et de la ruralité de Saint-Loup-des-Bois (58) son caractère unique et exceptionnel tant au plan national qu’européen. Les vieilles machines, collectées depuis plus de 50 ans par une bande de mordus indécrottables du patrimoine rural, attirent un public nombreux, chaque année, dans ces bâtiments en bois installés à la sortie de la commune de 495 habitants du nord-ouest de la Nièvre, à une dizaine de km de Cosne-sur-Loire.
Outre la fête du battage à l’ancienne qui a lieu tous les 15 août, l’équipe dirigeante du musée a souhaité, l’an dernier, dans le cadre du 50è anniversaire, donner plus de vie et d’animation à la structure. Une jeune femme de la commune, Zoé Lenoir, diplômée d’Histoire de l’art, a donc fait une proposition pour le moins inédite: faire venir des œuvres d’art contemporain, durant un mois, entre les machines, pour attirer un public plus diversifié. L’exposition « Réinventer la nature », organisée par l’association bourguignonne « Allumez la culture », dont Zoé est l’une des dirigeantes, a rencontré le succès en mai 2015, avec un peu plus de 500 visiteurs curieux. « Et pas seulement des personnes qui venaient voir les anciens tracteurs » révèle-t-elle.
Cette année, pour ne pas s’endormir sur leurs lauriers, le musée et l’association ont donc réitéré l’opération. Depuis le 1er mai et jusqu’au 29, les Nivernais, les Bourguignons et tous ceux que l’art contemporain ou les vieilles mécaniques intéressent, sont invités à venir visiter l’exposition « Organique-mécanique », qui veut faire réfléchir sur « les relations étroites entre les Hommes et les machines » explique Zoé Lenoir. Huit artistes, tous ayant un lien étroit avec la Bourgogne, pour y vivre ou y travailler, parfois à quelques km de Saint-Loup-des-Bois, proposent d’admirer leurs peintures, sculptures, céramiques ou gravures, disséminées selon une scénographie subtile, au milieu des tracteurs vétérans et des moissonneuses-batteuses titanesques…
Au-delà du rapport entre le design, les couleurs, les lignes, les matériaux de ces titans de la récolte agricole et des sujets imaginés par les auteurs, c’est tout un pan de l’activité mécanique ancestrale des paysans qui se reflète dans la finalité créatrice de la campagne: des peintures de bords de Loire ou de fleurs, des gangues de graines gravées ou des œuvres moins figuratives évoquant l’ADN ou les encres de Chine, mais aussi des sculptures de femmes ou des mobiles en métal recyclé avec lesquels le visiteur est invité à jouer… La programmation est éclectique et, loin de l’incongruité du mélange des genres, renvoie à la nature humaine.
Si les artistes -Corinne Bretel, Clara Denidet, Pierre Durit, Gabriela Gonzalez-Segura, Heloïse Guyard, Franck Mercky, Marige Ott et Claude Voisin- sont tous Bourguignons, selon le credo de l’association « allumez la culture », pour autant l’affiche officielle d’ »Organique-mécanique » a été conçue par un jeune artiste diplômé d’une école d’art et de design de Paris, Irvin Anneix, qui a souhaité, « à travers une version noire et blanche, illustrer le thème par une éclaboussure picturale, tache de couleur métallique également évocatrice des flaques d’huile, symbole de l’univers mécanique ». A travers cette rencontre improbable entre les vestiges d’un autre temps du labeur agricole et de la modernité onirique de l’art contemporain, le Musée de la machine agricole et « Allumez la culture » brouillent les pistes sur la vision cartésienne de l’Homme et de son travail. « Organique-Mécanique » rappelle l’interdépendance des matériaux, des couleurs et des finalités des objets (mécaniques ou artistiques) et communie dans une certaine célébration originelle de sa vie !
Touche à tout, j’ai exercé de nombreux métiers dans ma carrière. Depuis peu, je suis membre actif de plusieurs associations et je m’exerce à l’écriture via ce site et un journal local dans ma région.